C'est la premiere fois que je viens en Inde. Depuis mon arrivee, tous mes sens sont en eveil.
La vue :
Dans la rue une profusion de couleurs s'offre a moi : saris des Indiennes, brillance omnipresente de toutes les etoffes, etalages colores des marchands de fruits et legumes.
J'observe une multitude de metiers : cireurs de chaussures, cordoniers, barbiers, forgerons, macons aides par les femmes en saris qui portent sur leur tete des ecuelles de mortier.
Je vois des enfants en uniformes allant a l'ecole a pieds ou en rickshaw.
Je croise des mendiantes, des culs de jatte assis sur une planche a roulettes.
Je vois des hommes qui s'accroupissent pour pisser le long des murs, des femmes qui furtivement font la meme chose dans les rigoles.
Je sens les regards de curiosite des Indiens a mon egard.
J'evite les vaches et les bouses quand elles sont fraiches.
J'admire la grandeur des palais des Maharajas, la delicatesse et la finesse des ouvrages en pierre ciseles, la decoration interieure en mosaique ou en peinture. Les sculptures des divinites dans les temples.
Dans le desert, j'admire le coucher du soleil derriere la dune, je regarde les scarabees noirs qui sortent au crepuscule, le petit lezard des sables qui se confond avec le sable.
Je scrute le ciel et je compte les etoiles avant de m'endormir.
Je vois juchee sur mon chameau : les envolees d'oiseaux, trois gazelles qui bondissent dans la steppe, des vautours cherchant pitance, des troupeaux de chevres et de moutons, des cochons et des chiens toujours presents dans les traversees de villages.
Je vois des singes dans les arbres et sur les terrasses des Guesthouses.
Je vois des rats creves mais aussi des rats sacres nourris au lait et aux graines (reincarnation oblige). Pas vu Ratatouille!
L'odorat :
Je suis envahie par les odeurs d'egouts, des caniveaux a ciel ouvert, les effluves des urines dans les ruelles, l'odeur acre des brulots de papiers et plastiques qui se consument en petits tas des le matin.
Je respire au petit matin l'odeur du sable humide.
Je sens l'odeur des pets du chameau qui me precede.
Je percois dans un demi sommeil l'odeur du compound des sabots des freins du train.
J'aime les odeurs d'encens et des petales de fleurs sur les etales des marches.
Le gout :
Mon palais s'enflamme au contact de certains plats aux savants melanges d'epices.
Je reconnais la cardamone, le cumin, la coriandre, le gingembre et la canelle.
Je me desaltere en buvant mon chai (the aux epices) brulant.
Je decouvre la saveur sucree de fruits inconnus, comme la pomme de Sita.
L'ouie :
Je suis agressee par la cacophnie des klaxons des rickshaws, des motos, des bus, des voitures.
J'apprecie la montee en puissance des prieres dans les hauts-parleurs, le son melodieux d'une musique locale, la cloche qui tintinnabule dans le temple.
Je suis bercee par le bruit repetitif du mouvement du train et de son klaxon qui resonne dans la nuit.
J'ecoute les suptilites du langage hindi.
Je percois quelques mots en anglais en essaie de reconstituer le contenu d'une conversation.
J'entend les sonneries des telephones protables.
Je savoure le silence du desert.
Le toucher :
Je parviens difficilement a oublier mon education pour manger avec les doigts.
Je pose avec apprehension mes pieds nus sur le sol du temple ou circulent les rats sacres.
Je glisse sur une peau de banane dans la rue.
Mon posterieur se souvient de la selle du chameau.
Je sens sous mes pieds la fluidite du sable de la dune ou je peux courir et sauter.
Je fais glisser sous mes doigts le sable fin du desert.
Je force de tout le poids de mon corps pour me frayer un chemin pour descendre a l'arret du bus.
Je ressens les cahots du bus sur la route defoncee.
Je suis reveillee en pleine nuit par le soubressaut brutal du bus qui vient de se planter dans un champs pour eviter un camion.
Je touche les tissus soyeux des echarpes et foulards.
Ce ne sont que quelques ressentis apres 10 jours en Inde, que me reserve la suite?