Le Tibet, region du monde qui m'a longtemps faite rever, reste aujourd'hui encore une terre mysterieuse que j'aimerai decouvrir, un jour.
Peut-etre que ce jour la, le territoire aura retrouve son independance? Je crains que je peux oublier...
Peut-etre que ce jour la, le gouvernement chinois ne fermera pas les portes de la region aux etrangers (situation actuelle), ou ne nous demandera pas 50 $ par jour? Que l'on jouira d'une libre circulation et ne sera pas cantonne a suivre l'itineraire d'un guide?
Peut-etre que ce jour la, le peuple retrouvera sa dignite et la culture tibetaine ne risquera plus de disparaitre?
Peut-etre que ce jour la..., la liste serait encore bien longue.
En attendant, nous nous sommes arretes aux frontieres de la region officielle. Voici un petit appercu d'une region qui m'a enchantee.
Se balader dans ces coins la, dans la province du Yunan ou du Sichuan, c'est un peu comme jouer au chat et a la souris avec les fonctionnaires de police qui appliquent les decisions gouvernementales. Nous avons eu de la chance, aucune expulsion pour les tortues, mais nous avons appris que quelques jours plus tot ou plus tard sur les lieux, ca aurait ete un demi-tour force! Une situation vecue par des copains voyageurs croises sur la route. Les dizaines de gros 4x4 de flics qui defilaient sous nos yeux prenaient alors un sens!
Je m'estime donc heureuse d'avoir pu profiter du temps passe dans la region tibetaine, celle qui ne necessite pas de permis. Ici, on oublit le "Nihao" mandarin pour passer au "Tashi Dele" tibetain. On l'utilise comme un "Bonjour", mais mot a mot il s'agit plutot d'un "Bonne chance". Ou que l'on aille, on nous salue toujours avec le sourire par ces deux mots pleins d'espoir.
Les femmes, des jeunes aux plus agees, portent tres souvent les bijoux et tenues traditionnelles tandis que les Tibetains sont generalement vetus de maniere occidentale. Il n'est pas rare de croiser des jeunes aux coiffures Top Fashion : avec du gel dans les cheveux, teintures ou semblant de mulet a l'espagnol! Un decallage assez amusant.
Les momes ont des bouillent extra, sont tout sourire, parfois de la terre ou de la morve sur la frimousse. Mes preferes sont ceux aux cheveux ebourifes, les paumettes rougies par le rude climat. Pendant la journee, ces gamins nous font des coucous depuis la cour de l'ecole, ou restent aux cotes de leurs meres qui travaillent dans les champs. Ces dernieres sont pliees en deux dans les cultures colorees, n'hesitant pas a distribuer des sourires et des "Tashi Dele" en nous voyant passer.
Les hommes vaquent a leurs occupations, en se deplacant cheveux au vent sur des motos ou de gros vehicules bruyants non identifies.
Aux portes du "toit du monde", les villages culminent parfois a plus de 4000 m. L'architecture des maisons est assez curieuse : on dirait des prisons sombres ou de gros chateaux forts. Le merite pour contempler les paysages magnifiques de montagnes se paye de temps en temps par une petite migraine. Cependant, nous n'avons pas trop souffert de l'altitude, peut-etre grace a une bonne acclimatation.
La region tibetaine rime aussi avec religion : chapelets, musiques ceremoniales, bougies ou encens a profusion.
Nous nous sommes arretes a l'un des plus gros murs de manis (pierres de prieres peintes ou gravees de mantras) : il y aurait ici quelques 2 milliards de mantras! Pour faire le tour du kora, le circuit de pelerinage, il faut bien compter dix minutes. J'ai adore me trouver la, au milieu de tous les pelerins qui peuvent passer leur matinee a tourner autour de ces cailloux empiles, les moulins a prieres dans les mains! Nous ne passons pas inappercus, seuls Blancs du coin, mais sommes tres agreablement accueillis.
Il y a aussi tous ces impressionants drapeaux a prieres. Les alentours du temple de la princesse Wencheng valent ainsi le detour. La grosse toile d'araignee formee par les tissus colores donne un cote magique au lieu. Les drapeaux sont tendus entre la route, serpentent dans la montagne ou s'entassent sur des rochers. Combien y en a-t-il? Impossible de savoir tellement la toile est dense.
Dans le meme registre, tous les cairns aux abords ou dans les rivieres sont assez improbables!
La danse est aussi une tradition bien ancree de la culture tibetaine. Chaque soir, les locaux se donnent rendez-vous sur la place principale du village. Un grand cercle humain se forme rapidement et s'anime lorsque la musique demarre. De 3 a 90 ans, tout le monde connait les enchainements a la perfection. Et nous non plus, nous n'avons pas echapper a quelques pas de danse grace a une initiation dans une famille tibetaine. En compagnie de nos copains randonneurs chinois, nous nous appliquons a reproduire l'exemple donne. C'est terrible, je suis completement polio, d'autant plus qu'a chaque nouvelle chanson, le mouvement change! Mais bon, nous avons bien rigole!
Le jour ou nous avons beaucoup moins rigole, c'est lorsqu'un gros chien trappu s'est soudainement jete sur le mollet de Yannick. Ceci nous a valu un retour express a la grande ville la plus proche, afin qu'il beneficie d'une injection anti-rabbique (c'est dans ces cas la qu'on prend conscience de l'utilite d'avoir fait tout un tas de vaccins avant le depart...). Trois jours de transports non stop, entre auto-stop, bus ou mini van. Cette experience nous a permis de rencontrer un beau chauffeur Tibetain de taxi van collectif. Seduisant, sympa et drole, mais completement felle au volant. Je me croyait dans un film de Tarentino, sauf que la c'etait 'la vraie vie". A plus de 100 km/h dans les petits virages de nuit, ou a cramer les barrieres de peages. Un fou! Heureusement, nous sommes arrives en un seul morceau a Chengdu, capitale du Sichuan.